Chapelle Saint-Nizier
Autrefois église paroissiale, cette chapelle de hameau (XVIIe siècle) a simple nef rectangulaire et clocher carré recèle un décor intérieur classé du XVIIIe siècle : peintures murales, mobilier et stucs peints s'harmonisent en une belle polychromie.
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Ancienne église paroissiale, cette chapelle encore située dans son petit cimetière d'origine présente de très simples volumes extérieurs, composés d'une nef rectangulaire, d'un clocher carré accolé à droite de la partie orientale de la nef (dont la pièce au rez-de-chaussée sert de sacristie) et d'un chœur carré légèrement plus étroit. Elle est percée d'un porte en façade (surmonté d'un oculus) et d'une fenêtre sur le mur avec encadrement en blocs de tuf taillés et chanfreinés, en plein cintre. Une porte rectangulaire ouvre aussi contre le mur nord. La façade principale était ornée d’une peinture en trompe-l'œil aujourd’hui disparue (mais encore visible sur des anciennes photos des années 1970), qui représentait le saint patron de la paroisse dans un décor architecturé.
A l'intérieur, la nef est couverte d'un plafond plat lambrissé, tandis que le chevet plat est voûté sur croisée d’ogives et isolé de la nef par une barrière de communion. Un intéressant décor peint rustique à caractère baroque, exécuté à la fin du XVIIIe siècle (avant 1784 ? Voir visite pastorale de Mgr de Bonteville), comprenant corniches, pilastres et colonnes, guirlandes de fleurs, palmettes et faux rideaux orne le chœur et le mur nord de la nef, dont la porte est soulignée par un faux décor d'architecture. La chapelle est aussi garnie d’un intéressant mobilier en stuc peint façon faux marbre : maître-autel, fonts baptismaux et autel de la chapelle du Rosaire, témoignent d'une grande qualité d'exécution et offrent un effet de polychromie recherché.
Historique :
L'existence d'un prieuré bénédictin à Saint-Nizier-d'Uriage est attesté depuis la fin du XIe siècle (Bulle du Pape Urbain II concernant les dépendances de l'abbaye bénédictine de Saint-Chaffre-en-Velay) ; il reste mentionné au cours des siècles suivants, mais en 1672, le prieur Antoine Morel, condamné à réparer l'église tombée en ruines, s'offre de "bâtir le sanctuaire ailleurs, pour permettre de transporter l'église dans le village". L'édifice actuel est donc construit en 1675, sur un emplacement bien plus central que l'ancien prieuré (Jean de Caulet indiquera en 1728 que "la maison curiale se trouve à 200 pas de l'église, au milieu des fonds"), avec la bénédiction de l'Evêque Etienne Le Camus. Il est dédié à Saint-Nizier mais aussi à Saint-DenisLa même visite pastorale nous enseigne qu'en 1728, la chapelle était "bâtie de maçonnerie", couverte de tuiles et qu'il existait un clocher "bâti en parquet de bois et couvert d'ardoises"...qui n'était donc probablement qu'un clocheton. En 1784, Mgr de Bonteville précise dans sa visite qu'elle est dédiée à saint Nizier, mais aussi à saint Denis "depuis des temps immémoriaux", qu'elle est lambrissée, pavée de planches, très propre et "peinte en Rosette" (?). Une chapelle du Rosaire se trouve dans la nef, tandis que le chœur "voûté en forme d'ogive", couvert de tuiles, est séparé de la nef par un balustre en bois noyer. le grand autel est tout en maçonnerie en forme de marbre fort propre". Une sacristie "bâtie à neuf" est mentionnée, tandis qu'un clocher en forme de "tour carrée de maçonnerie" situé au-dessus de la sacristie, s'achève par une flèche en bon état.
Vendue comme bien national à la Révolution ainsi que le prieuré ( autrefois érigé au lieu-dit "Champ de l'Eglise", vendu alors au du curé de Villeneuve d'Uriage), l'église perd son statut de paroissiale et redevient simple chapelle, dépendant de la commune du Pinet-d'Uriage qui y fait effectuer des réparations et entretiens en 1826 et 1869. Redécouverte à la fin des années 1980, la chapelle est alors Inscrite, ansi que son cimetière, au titre des Monuments Historiques en 1991, puis restaurée par la suite ainsi que son mobilier, grâce à l'action du Comité de Sauvegarde de la chapelle de Saint-Nizier-d'Uriage.
Bibliographie :
Alain de Montjoye dans “Patrimoine en Isère, Pays de Domène”, 1995, p.38
Sylvie Vincent, idem, p.55
Visites pastorales des évêques,Archives Départementales de l'Isère.