Chapelle Saint-Jean-Baptiste, à Villeneuve-d'Uriage
Encore en place dans son petit cimetière, dans le très pittoresque hameau de Villeneuve-d'Uriage, cette simple chapelle avec son clocher d'inspiration romane, reconstruite à l'époque moderne, conserve encore des éléments de mobilier de qualité.
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Cette petite chapelle de dimensions modestes (8.75 m x 4,80 m hors œuvre) et dédiée à Saint-Jean-Baptiste était autrefois l'église paroissiale desservant l'actuel hameau de Villeneuve d'Uriage ("villa nova de Aurriaco"), perché au-dessus d'Uriage et au revers de saint-Martin-d'Hères, sur le flanc est de la montage des Quatre Seigneurs. Elle porte le vocable de Saint-Jean-Baptiste.
L'église, orientée, se trouve encore aujourd'hui dans le clos de son cimetière, au sud du village. Le plan se compose d'une nef unique prolongée par un chœur rectangulaire plus étroit ; le clocher carré est placé contre le mur sud de la nef. Les élévations, qui laissent voir de nombreuses traces de remaniement, ne sont percées que d''une seule fenêtre de chaque côté s'ouvrant sous des baies cintrées, probablement d'époque moderne. Si la porte principale, qui s'ouvre au milieu de la façade ouest sous un auvent charpenté à deux pans formant porche, paraît pouvoir dater de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle, une autre petite porte actuellement bouchée s'ouvrait côté Nord, contre le chœur ; sa forme cintrée et ses gros claveaux en tuf pourraient attester de son ancienneté. Le chœur est aussi percé de part et d'autre de petite baies cintrées aux contours chanfreinés (fin XVe siècle?). La sacristie carrée, plus récente, est accolée à la face sud.
Le clocher carré , de facture assez rustique s'élève sur deux étages aveugles, surmontés de l'étage du beffroi, soulignée par une petite corniche de pierre, en saillie. Il est percé sur chacune de ses faces, d'une baie en plein cintre portant un petit masque ovale et plat (celui de la face nord est manquant) en guise d'ornementation sur le claveau central. La corniche du clocher, soulignée de festons, sert de base à l'élégante flèche en tuf. Sa cloche datant de 1618 est classée Monument Historique.
A l'intérieur, la nef est couverte d'une charpente tandis qu'une voûte d'arêtes couvre le chevet. Elle conserve un intéressant mobilier : Son maître autel du 18e siècle, de style baroque - en stuc peint façon marbre, très proche de celui de la chapelle de Saint-Nizier (située sur l'autre côté de la vallée) - mais aussi son magnifique trône de célébrant en bois datant du XVIIe siècle, qui proviendrait de la Chartreuse de Prémol.
Historique :
Le nom "Villa Nova" porte à croire que ce lieu n'est habité que depuis la grande période de défrichement, attesté du XIe au XIIIe siècle. Villeneuve d'Uriage est citée au tout début du XIIe siècle. La première mention de l'église remonte à 100, dans le pouillé de Saint Hugues sous le nom de "ecclesia Villa nova". En 1179, elle est déclarée appartenir à l'abbaye de Saint-Chaffre-en-Velay, donc sous la dépendance du prieuré tout proche de Saint-Nizier-d'Uriage. Au XIVe siècle, elle est annexée à l'église de Saint-Sauveur (ancienne église paroissiale de Saint-Martin-d'Uriage), donc qualifiée de chapelle dans la visite pastorale de l'évêque Jean II de Chissé en 1340. ce n'est qu'avec le démembrement du seigneur Geoffroy Alleman que nous avons la certitude de sa fonction paroissiale. Elle est par la suite régulièrement qualifiée d'église (donc ayant une paroisse). La visite pastorale de Jean de Caulet en 1740 précise que la paroisse est composée des hameaux de Villeneuve, les Ayes, le Sonnant et le Château. Celle de 1784 effectuée par Mgr de Bonteville la décrit plus en détail : "pavée de planches, lambrissée et couverte d'ardoises". Elle mentionne l'existence d'une "chapelle sous le vocable du Rosaire, située au milieu de la nef à droite en entrant" et qui "forme un bâtiment séparé de l'église, pavée en planches et couverte en ardoises". Enfin, elle signale le bon état des fonts baptismaux, de la chaire à prêcher en noyer et l'existence d'un grand autel "à la romaine" en tuf dans le chœur, séparé de la nef par une table de communion en noyer.
Malgré le profil d'inspiration romane du clocher, celui des baies de l'église laissent supposer une reconstruction à la fin du Moyen-Âge ou à l'époque moderne.